Brisy

Nombre d’habitants : 81

Étymologie : Selon R. Felten, Brisy est un « endroit où la terre est fendillée ou hersé ». « Brîhi », en patois local, signifie « herser un terrain pour la première fois ».

Perché sur un plateau dominant la rive droite de l’Ourthe, le petit village de Brisy étale ses jolies fermes et fermettes le long de la route reliant Cherain à Cetturu (Tavigny). Au lieudit « Le Chèssion », un éperon barré (site naturel fortifié, typique de la Tène III), enserré entre l’Ourthe orientale et l’un de ses affluents qu’il domine d’une soixantaine de mètres, a été mis à jour lors de deux campagnes de fouilles en 1975 et 76. Ces fouilles ont permis la découverte d’un important matériel archéologique parmi lequel des fibules, aiguisoirs et autres objets en céramique. La datation de ces objets atteste de l’occupation du site dès le premier siècle avant notre ère.

Consacrée en 1730, la chapelle Saint-Servais, aujourd’hui Sainte-Lucie, aurait daté de 1 712. La chapelle, qui avait été agrandie en 1810, fut remplacée en 1905 par l’église actuelle, construite sur un nouvel emplacement.

Obligations des manants vis-à-vis du clergé

Une pétition adressée à l’évêque par les habitants de Brisy le 20 septembre 1819 nous apprend que les habitants de Brisy désirent « obtenir un prêtre desservant leur chapelle, qui existe depuis 107 ans et qui fut constamment pourvue d’un administrateur hormis ces temps derniers. » Indépendamment du traitement en nature, assuré par souscription et évalué à 353 francs, « ils s’obligent encore de fournir à leur vicaire, et cela par tête d’habitant, chacun deux livres de beurre et chacun une douzaine d’œufs, le premier article portant 32 francs, et le second 5 pareils francs ; ils déclarent en outre s’obliger à lui nourrir pendant l’année, chacun une bête à laine ». Il jouira d’un presbytère, d’un jardin et d’une prairie. En contrepartie, il devra célébrer à leur intention une messe hebdomadaire à annoncer au prône ainsi que les dimanches et fêtes et tenir l’école pendant l’hiver.

Au numéro 2, à l’angle des chemins de Vaux et de Rettigny, une vieille ferme du 18e ou du début du 19e siècle en mœllons schisteux jadis blanchis. Au-delà des deux dépendances fermant la cour de part et d’autre de l’entrée charretière, la ferme se présente sous la forme d’un quadrilatère, étalant de gauche à droite le logis, la grange et la bergerie. Sur le pignon Sud, on trouve les vestiges d’un auvent rappelant l’emplacement d’un christ en croix. Le bâtiment a subi les outrages du temps et présente aujourd’hui un aspect assez délabré.

Non loin de là, au n° 7, restes d’une vieille ferme allongée datée de 1 836. Linteau de porte intéressant.

À la sortie de Brisy vers Rettigny, au lieudit « Champ sol Mont », une petite croix se dresse, solitaire dans un champ. Elle se trouve, en fait, le long d’un ancien chemin, aujourd’hui disparu, menant à Cherain. Cette croix d’occi (1) porte l’inscription « Icy a décédé allan à la Grand Messe à Cherain, honaite et pieuse personne Françoise le Boulange Epouse a Huber Lamboray en son vivant mayeur de Brisy lequel a decede le 22 juin 1777 RIP – Amen ».

Les « croix d’occis » sont le plus souvent en pierre ou en bois, plantées là où eut lieu une mort subite violente ou naturelle. Il ne faut pas les confondre avec les croix de processions ou de carrefours ni avec les croix à la mémoire des victimes civiles et militaires des guerres. Pour plus de détails, voir « Les vivants et leurs morts, Musée en Piconrue, Bastogne 1989 ».

Promenades S.I. passant par le village de Brisy

  • N° 18 9,6 km 3 h rouge facile, vallée de l’Ourthe, village de Brisy et Rettigny

Parcours VTT passant à proximité de Brisy

  • Nº 3 37 km jaune

Le « château des Moudreux »

En aval de Bistain, sur le versant gauche de l’Ourthe orientale, au lieudit « Vieux Château », se trouvent les ruines d’un château dont la première mention actuelle connue est de 1 752.

Le Cercle Ségnia de Houffalize y a mené sporadiquement les travaux de fouilles et de restitution partielle, du mois d’avril 1967 jusqu’à l’automne 1981. Il en est propriétaire depuis le 1er juin 1979. Les notes qui suivent sont un extrait partiel du document publié à la suite de ces travaux.

« Un dénombrement du 11 décembre 1752 traduit le toponyme « Tschestay des Moudreux » en « Château des Meurtriers ». Cependant, le terme Moudreux, à sens péjoratif, désigne, en wallon, un malandrin ou un homme de caractère peu sociable. Certaines chroniques, selon les recherches de M. Meunier, en font un fief de la Seigneurie de Houffalize. Jusqu’à présent, aucune archive ne le confirme. Au fil des ans, les chercheurs peuvent avancer des dates plus précises de construction et d’occupation : du début du 11e siècle à la fin du 14e. Ces dates ont pu être déterminées grâce aux tessons de poterie, à une monnaie, à divers objets de fer ou de bronze, à deux appliques de manches en os gravé et aux modes de construction.

La destinée des ruines avant les fouilles est marquée par quelques aventures. Durant la guerre 1914 1 918, des prisonniers russes employés au tracé de la ligne de chemin de fer de Gouvy à Saint-Vith y avaient trouvé refuge après leur évasion. Le ruisselet tout proche leur était bien précieux.

Au cours de la guerre de 1 940 1 945, un chef de la résistance, J. André, s’y rendait, brouillant les pistes en remontant le ruisseau, vers sa cache d’armes. Pendant l’offensive des Ardennes – grandeur et décadence – dans la même cache des paysans ont dissimulé des porcs.

Pourquoi un petit château fort et pourquoi en cet endroit ? Nous n’avons trouvé aucune trace de masures ni de constructions rurales rudimentaires, mais une tombelle toute proche et quelques éléments d’une minuscule nécropole dans les environs. Le château fort est la demeure de ceux qui ont des biens, de l’autorité et certaines responsabilités. Il n’est absolument pas question aux Moudreux d’une construction défensive ayant un grand rôle à jouer pour protéger une région.

Pourquoi fortifier ainsi une demeure ? Étant donné ses dimensions et sa position stratégique très relative, elle n’était pas capable de résister à un siège dans le sens qu’on lui donne au Moyen Âge. Les ennemis éventuels ne pouvaient être que des voleurs ou rôdeurs, des brigands peut-être ou des bandes de soldats errants après l’une ou l’autre expédition guerrière souvent localisée d’ailleurs.

La chapelle, au plan général, occupe un espace de 10 m de longueur et de 7 m environ en largeur. Le chœur, à chevet arrondi intérieurement, est profond de 2,90 m et large de 2,40 m. L’esplanade, plutôt que nef, qui le précède, mesure 5,60 m jusqu’au bord du grand fossé et 4,90 m en largeur, murs compris. Nous avons eu l’agréable surprise de trouver l’autel intact sous d’énormes buissons grandis dans les gravats écroulés. C’est une maçonnerie de schiste, massive, cubique, presque le mètre cube parfait et, creusé dans la pierre d’autel, selon la tradition, un sépulcre à reliques -12 cm x 9 x 7- la pierre ayant 12 cm d’épaisseur. Le chœur est fermé à la manière des chapelles dites de type irlandais comme à Saint-Martin-Cetturu et que l’on date communément du 7e siècle.

Les petits bâtiments, en contrebas de la chapelle, orientés au Nord, devaient avoir des éléments en torchis qui, en se désagrégeant avaient laissé une couche grisâtre de pourriture semée d’herbes ou de paille jadis agglomérée dans l’argile. »