Cierreux

Population : 94 habitants

Situé sur une éminence dominant la rive droite du Glain, baigné par les eaux du ruisseau des fagnes, le joli petit village de Cierreux recèle quelques-unes des maisons les plus représentatives du passé de notre région.

Ensemble classé

Au 19e siècle, en contrebas du village, le long du Glain, existait un petit ensemble industriel comprenant d’une part moulin à grain, scierie, tannerie, moulin à écorce, distillerie agricole, et d’autre part, plus en aval et successivement, foulerie, huilerie et broierie d’os.

Du haut du pont enjambant le Glain, on peut encore admirer, du premier groupe, l’ancien moulin banal et la tannerie Beaupain. Ces deux édifices sont classés. À l’avant-plan, on distingue encore l’ancien petit pont de pierre à deux arcades qui franchissait anciennement la rivière et conduisait au village.

La tannerie Beaupain

Cette haute bâtisse à colombages, de plan rectangulaire, sur cinq niveaux, fut édifiée en deux temps dans la première moitié du dix-neuvième siècle et a fonctionné durant une centaine d’années. L’embrasure de l’ancien accès récemment obturé, portait les initiales gravées M.B.P., initiales présumées de Mathieu Beau(!) Pain(!), propriétaire constructeur. La partie supérieure en colombages et briques, sur trois faces, a été copiée sur le modèle stavelotain en 1912 par l’aménagement de l’ancienne structure en colombage et planchettes. Appliquée à la même date contre la façade Ouest et regardant le ruisseau, la construction suspendue sous appentis est inspirée d’une annexe d’habitation dominant la Ruhr à Monschau. Entre la tannerie et la chute d’eau la séparant du moulin, on distingue encore les emplacements et les vestiges des anciennes cuves à tan. Le bâtiment a fait l’objet d’une rénovation récente et particulièrement heureuse.

Le moulin à farine

Déjà mentionné en 1602, l’ancien moulin banal du comté de Salm est établi sur le Glain et alimenté par trois cours d’eau rassemblés dans un bief. Rénové avec talent, il se présente sous la forme d’une longue bâtisse trapue, en mœllons de grès enduits et chaulés. La partie ancienne, côté ruisseau, porte une niche datée 1789. L’ensemble est couvert d’une toiture en bâtière de cherbins. La grande roue et le mécanisme sont encore présents à l’intérieur de la bâtisse. Une restauration ultérieure de la machinerie permettra, peut-être, de la laisser admirer occasionnellement.

Un petit pont à deux arches, daté de 1 818, enjambe le Glain, sur l’ancien tracé de la route menant au village, et relie le moulin au parc du château attenant (Propriété privée).

La « Sitwèdrèye »

À l’entrée du village, en haut de la route, prendre le petit chemin de terre à gauche qui descend vers le fond de la vallée. Située sur un méandre du Glain au creux de la vallée profonde, l’ancienne « sitwèdrèye » a été successivement foulerie Poncin (fin du 18e siècle), huilerie Beaupain (début du 19e siècle) puis broierie d’os (vers 1868 jusque vers 1 914 1 918). Par ailleurs, on y broyait aussi des graines de trèfle pour en faire des couleurs (L. et P.F. Lomry). Une meule de l’huilerie subsiste encore aux environs.

Édifices religieux

La chapelle de Cierreux

Au milieu du village, la chapelle de Cierreux, avec son clocheton en tête de façade, mononef datant de 1 704, fut agrandie en 1933. Son mobilier du 18e siècle est répertorié et comprend deux autels en bois peint. À noter également les statues naïves ornant les murs de la nef.

La petite chapelle Saint-Roch

Située au nord du village, non loin de l’édifice religieux principal, la petite chapelle Saint-Roch fut reconstruite en 1953 sur l’emplacement d’une ancienne chapelle datant, selon la tradition, de 1 636, année où la peste frappa particulièrement durement les populations.

La chapelle Sainte-Thérèse

Située sur une éminence non loin de l’ancienne station de chemin de fer, cette chapelle construite en 1930 mérite un détour en raison du point de vue remarquable qu’elle offre sur l’ancien site industriel, et le château de Cierreux. L’intérieur de l’édifice est en cours de rénovation.

Autres centres d’intérêt

On note également, le long du ruisseau de Cierreux, la présence de tertres qui sont des résidus de travaux d’orpaillage (filtration des alluvions de rivières pour récupérer des paillettes d’or). La présence de ces tertres atteste de l’occupation de la région dès la seconde période de l’âge du Fer (La Tène 1).

En bordure de la route Gouvy-Vielsalm et du parc, la ferme du château, en mœllons blanchis à la chaux, a été construite aux alentours de 1900. Cette ferme, toute en longueur, se distingue des autres bâtiments similaires de la région par sa construction sans étages.

Au sud-est de Cierreux, au lieudit Henrichapelle se trouvaient d’anciennes carrières d’où l’on extrayait jadis des pierres à aiguiser les faux.

Peu après le pont du chemin de fer, sur la gauche en direction de Vielsalm, un détour s’impose sur le site de l’ancienne centrale électrique Beaupain et de sa retenue d’eau alimentée par « l’eau de Ronce ».

La centrale électrique de Cierreux

C’est à l’initiative de Jean Baptiste Beaupain, petit fils de Mathieu Beaupain, exploitant la tannerie et le moulin de l’ancien complexe industriel, que fut créée la centrale électrique de la Ronce, en 1905.

Après avoir obtenu l’autorisation de la commune de Bovigny, en 1904, d’établir un barrage sur la Ronce, puis l’accord de la députation permanente de la province de Liège (la Ronce délimitant la frontière entre les communes de Lierneux et Bovigny ainsi qu’entre les provinces de Luxembourg et de Liège), Jean Baptiste Beaupain obtint de la commune de Vielsalm le privilège d’y installer canalisation et conducteurs en vue d’une distribution d’éclairage électrique.

Une concession de 30 ans lui fut alors accordée, au terme de laquelle la commune avait la faculté de racheter l’ensemble des installations de distribution et de fabrication. En contrepartie, le concessionnaire s’engageait à fournir l’éclairage des villages de Vielsalm et Salmchâteau, moyennant la somme de 1 800 francs par mois, au moyen de 80 lampes de 16 bougies chacune et 4 lampes à arc de 10 ampères. Par ailleurs, le concessionnaire devait également fournir l’éclairage aux bâtiments communaux et aux particuliers au prix de « 60 centimes » le kilowattheure.

Le 27 aout 1906, la Société Électrique de Vielsalm était constituée, avec un capital de 60.000 francs, représenté par 600 actions de 100 francs chacune. Afin de régulariser le débit du ruisseau, une retenue d’eau allait être réalisée, dans un premier temps, sans l’accord des autorités. Ce premier barrage fût par la suite remplacé par un autre, à la condition que soit placée une échelle graduée permettant de constater, en tout temps, que la société électrique laissait passer, de 4 à 19 heures, un débit égal à celui du ruisseau. Il faut dire que quelques petites usines, munies de moteurs hydrauliques, faisaient usage des eaux du Glain dont la Ronce constitue l’un des principaux affluents. Pour ces usiniers, la création d’une retenue d’eau risquait de réduire fortement le débit de la rivière durant les heures de travail, induisant, de ce fait, des heures de chômage non négligeables, ceci d’autant plus que tant la Ronce que le Glain sont deux cours d’eau capricieux.

En 1911, soit 5 ans seulement après sa construction, la Société anonyme électrique de Vielsalm proposait le rachat de l’unité de production, pour le prix de 27.000 francs. Ce n’est cependant que le 11 mars 1921, bien après le décès de son créateur, que la centrale fut vendue, de même que les terrains qui l’entourent, pour la coquette somme, à l’époque, de 42.500 francs. Les acquéreurs s’engagèrent, par ailleurs, à fournir gratuitement à Jeanne Beaupain, veuve du constructeur, l’énergie électrique nécessaire à son usage personnel, et ce pour sa vie durant.

La petite société sera dissoute en 1923 et la concession reprise par la Compagnie d’électricité des Ardennes (Comarden). Une turbine sera, bien des années plus tard, installée sur le site afin de fournir de l’énergie électrique lors des pointes de consommation.

Suggestion

Faire à pied le tour de l’étang et remonter en direction de Honvelez-Bovigny, d’où l’on pourra apprécier un superbe panorama de la vallée du Glain et des villages de Rogery et Cierreux.

À voir également

Au n° 21, la Maison Clesse (1815-1943) est une ancienne ferme en mœllons de grès autrefois enduits et blanchis. Le pignon d’entrée est présente trois travées sur deux niveaux et demi de baies à encadrements de schiste ardoisier.

Au n° 23, établies depuis le 18e sur une terrasse en bordure d’un chemin creux, importante ferme et dépendances, dont un vieux chartil – entrepôt à charriots -. Cet ensemble formait jadis une cour fermée.

Promenade S.I. passant par le village de Cierreux

  • N° 24 10,2 km 3 h jaune bois et campagne