203 habitants
Des fouilles qui ont été effectuées en 1970 au lieudit « le Rovreux », on peut déduire que la région de Rogery était déjà habitée aux environs de 350 avant notre ère. De nombreux fragments d’os, perles et éléments de bronze y ont été mis à jour.
Au lieudit « So les sikèyes », situé à gauche de la route de Rogery à Beho, on extrayait jadis de grandes quantités de « sikèyes » (pierres à aiguiser les faux) qui se vendaient dans tout le pays.
Rogery devint paroisse en 1839. L’église paroissiale Saint-Eloi, édifiée en 1834, remplaçait une chapelle érigée en 1713. En 1716, elle reçut l’ancien maitre-autel de l’église de Beho. Son mobilier est répertorié. Fait original dans notre région, la tour à trois niveaux, en mœllons gréseux, est terminée par un bulbe ardoisé campanulé couronné par un clocher prismatique hexagonal au bulbe lui aussi campanulé.
Se détachant au centre d’une façade rénovée, la croix « Li Scuvin », datée de 1 812, soutient un christ en bois peint en blanc. Elle provient d’une annexe de la maison située en face.
À la sortie du village, en direction de Beho, une jolie chapelle commémorative a été élevée sous la frondaison de hêtres vénérables, à la mémoire des victimes des deux guerres.
Parmi les édifices remarquables, on notera tout particulièrement l’imposante ferme Gaspard, datant de 1 787, ainsi que les bâtiments situés aux numéros 32 et 44.
Situé non loin de la forêt domaniale du « Grand Bois », Rogery constitue un point de départ idéal pour de longues randonnées pédestres et équestres.
À quelques kilomètres, la clairière aménagée « So Bèchefâ » accueille les amateurs de grillades et autres restaurations champêtres.
La myrtille
Jadis recouverte de grandes étendues de bruyères, la forêt domaniale présente un sol acide et tourbeux, particulièrement propice à la prolifération des myrtillers dont les fruits font le régal des gourmets.
Aujourd’hui consacrée par le folklore salmien, la petite baie noire a constitué pour de nombreuses familles une source de revenus complémentaires non négligeables. C’est en effet d’une véritable industrie de la myrtille que l’on pouvait parler au début du siècle. Ainsi, en 1925, 400 tonnes de myrtilles furent expédiées des trois gares de Bovigny, Longlier et Saint-Hubert… et c’était une mauvaise année ! Dans les années 20, monsieur Hay, de Bovigny, aurait expédié une moyenne quotidienne de dix à vingt tonnes vers l’Angleterre. Quand on sait qu’une famille de cueilleurs habilles pouvait récolter jusqu’à 50, voire 75 kilos de ces fruits, on imagine le nombre de personnes concernées par cette occupation saisonnière. Cette intense activité dépeuplait littéralement certains villages. C’étaient plus particulièrement les femmes et les enfants qui s’adonnaient à la cueillette. Ce travail des écoliers avait pris une ampleur particulière puisqu’en 1903, un inspecteur des écoles primaires mentionnait, au chapitre de la « fréquentation des écoles » : « une cause nouvelle et très influente de l’absentéisme : la cueillette des myrtilles pour l’usage industriel… » Cette occupation avait enlevé 450 élèves appartenant à 38 écoles des cantons scolaires de Marche et Houffalize, pour arriver à un taux d’absentéisme de 38 %.
Les cueilleurs, femmes et enfants, se levaient avec le soleil et s’en allaient bien loin à l’aventure, évitant les bois déjà battus. Armée de « peignes à racler les fruits » et suivie de charrettes chargées de paniers, la petite troupe cueillait, en chantant à gorge déployée. Chacun s’était, pour la circonstance, habillé de vieux vêtements usés, déchirés ou souillés, retrouvés au fond des coffres à nippes. Traverser les ronciers n’était pas une mince affaire et le fruit est réputé pour la « ténacité » de ses taches. Les propriétaires des bois qui auraient voulu faire respecter leurs droits sur ces fruits auraient risqué de passer un fort mauvais quart d’heure et devaient se résoudre à fermer les yeux et tolérer ces « abus », comme le faisait l’administration des eaux et forêts pour les bois soumis au régime forestier.
On cueillait toute la journée, sans se relever, si ce n’est à midi pour casser la croute sous un arbre. Les mains étaient noires… et les bouches aussi. Qui se serait privé d’une poignée de myrtilles ? La cueillette se poursuivait jusqu’à bien tard. C’était un honneur que d’avoir les mannes les plus remplies. Au retour, chacun y mettait du sien pour porter les charges et, malgré la fatigue, ce n’était que rires et chansons. Certains chantaient en cueillant ou en rentrant au village. Au retour, il fallait encore quatre à cinq heures pour les nettoyer avant de les vendre au « dépôt ».
De nombreuses comptines ont été créées ou arrangées pour la circonstance.
En 1924, les myrtilles étaient payées 1,25 franc le kilo aux cueilleuses… Le même kilo se vendait 8 francs 30 à Londres.
Promenade S.I. passant par le village de Rogery
- N° 24 10,2 km 3 h jaune bois et campagne
- Nº 26 9,1 km 3 h 10 vert facile, campagne
Parcours VTT passant à proximité de Rogery
- Nº 5 24 km jaune